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Quand les gouvernementaux eurent été resserrés par le boycottage, comme dans un étau, on employa contre eux des procédés de destruction terribles, qui n’entraînaient pas une mobilisation militaire. Ces procédés étaient connus bien avant. Mais les gouvernements n’avaient jamais voulu y recourir. Quand ils lançaient les peuples les uns contre les autres, ils tenaient à conserver à la tuerie un certain décorum diplomatique et ils se refusaient à faire une guerre de réelle extermination, qui eût été aussi périlleuse pour les états-majors que pour la simple chair à canon.


À l’aurore d’une journée radieuse, une flottille d’aéronefs s’en vint planer au-dessus du camp de Châlons. Les aviateurs qui avaient pris l’initiative de l’expédition, — et qui marchaient de leur plein gré, — furent d’un sang-froid et d’une audace inouïs : ils vinrent évoluer à une faible hauteur et, avec une précision que le tir de l’ennemi ne troubla pas, ils accomplirent leur œuvre de ravage.

Ils bombardèrent le campement ! Et les bombes qu’ils firent pleuvoir en grêle étaient de deux sortes : les unes contenaient un explosif violent, les autres recelaient dans leurs flancs des gaz asphyxiants.

Les effets furent terrifiants ! L’éclatement presque silencieux des bombes asphyxiantes qui, dans un large rayon, fauchaient les hommes, les terrassaient et les foudroyaient sans bruit, était plus sinistre et plus horrifique encore que l’explosion des bombes détonnantes. Celles-ci déchaînaient sur la plaine un