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Les rôles étaient renversés. Le prolétariat était armé, eux l’étaient peu, — et nul ne l’était pour eux…

Leur situation était aussi précaire que celle qu’avait subie si longtemps le peuple, avec cette circonstance, — aggravante pour eux, — qu’ils ne luttaient que pour reconquérir des privilèges, tandis que le peuple avait été soutenu, dans son martyrologe, par un idéal de liberté.


À l’égard du fantôme de gouvernement qui, à Châlons, tâchait de faire illusion, s’efforçait de paraître vivre et tentait d’unir dans un faisceau les tronçons épars de la résistance capitaliste, on usa de moins de ménagements.

Extrêmement sévère fut le boycottage dont on encercla le camp. Les gouvernementaux ne parvenaient qu’avec difficulté à se ravitailler ; quant aux armements et aux munitions, il leur était impossible de les renouveler, faute de pouvoir s’approvisionner aux magasins sociaux. Cet inconvénient leur était plus sensible que tout ; il les réduisit aux anciens moyens de défense et d’attaque, sans perfectionnement ni modification possible. Autant il était facile, en effet, à un confédéré d’obtenir, par l’entremise de son syndicat, les métaux les plus divers, aciers, alu— minium ou autres ; autant cela était difficile à un réfractaire, car il n’y avait plus de commerce des métaux. De ce fait, les gouvernementaux devaient vivre sur le passé, — et cela fit leur infériorité, vis— à-vis des confédérés, surtout en ce qui concernait les engins redoutables qu’étaient les aéronefs et aéroplanes.