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garantir un patron ou même toute une industrie, contre une grève ou un soulèvement partiel, ces associations, très armées financièrement, avaient pu faire face au danger. Le cas était différent. La révolution était déchaînée, et il fallait enrayer la désorganisation du régime. Œuvre énorme, pour laquelle ces groupements étaient d’autant plus impuissants que leur domination industrielle ou commerciale était annihilée.

La bourgeoisie pouvait-elle espérer mieux des organisations diverses, mixtes et hybrides, panachées de patrons et d’ouvriers résignés, au sein desquelles de bonnes âmes avaient cru faire éclore les éléments de la réconciliation des classes ?

Ces fondations étaient sans consistance. Les ouvriers qui y étaient venus autrefois, par timidité ou esprit d’imitation, n’étaient pas hommes à se mettre en bataille pour leurs patrons. Qui plus est, une transformation s’opérait en eux : il leur avait fallu, pour vivre, joindre les groupements confédéraux et, au contact des camarades qu’ils y côtoyaient, ils devenaient des hommes nouveaux, — plus disposés à défendre la révolution qu’à la combattre.

Les bourgeois se trouvaient donc, sauf de rares exceptions, réduits à leurs propres forces et privés de ce qui, jusqu’alors, avait fait leur puissance : l’influence financière. L’or avait perdu son attraction d’asservissement. La vie était possible sans lui. Et parce que l’existence par le travail était assurée à tous, le recrutement de mercenaires devenait difficultueux.

Les « ci-devant », jusque-là habitués à être défendus,