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Au surplus, rien de simple comme d’émigrer. En quelques heures d’auto, la frontière était gagnée. Le seul risque était la traversée des villages où grondait la révolte. Encore, était-ce moins en leur qualité d’émigrants, qu’en celle d’automobilistes que les fuyards avaient à craindre. En effet, dans les campagnes, l’auto était en mésestime, — elle était l’écraseuse de poules et aussi de gens… Et comme les colères étaient déchaînées, il y avait à redouter qu’elles se tournent contre elle. Cependant, rares furent les représailles. Plus rares, celles qui se terminèrent tragiquement.


L’émigration n’était pas entravée par les révolutionnaires. Bien loin de là ! Elle était souhaitée par certains qui y voyaient un expédient pour continuer, sans encombre, l’expropriation capitaliste. Comme la révolution se faisait plus contre les institutions que contre les individus, l’exode des privilégiés allait éviter des tiraillements et des démêlés avec eux. Les émigrés pouvaient emporter leur or, — mais non ce qui constitue la véritable richesse, leurs terres, leurs usines, leurs immeubles. Leur départ allait donc faciliter l’occupation de leurs domaines par les paysans, la mise en œuvre des usines et l’aménagement nouveau des immeubles qu’ils abandonnaient.


Mais, les possédants n’émigrèrent pas tous. Il en