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Chapitre XXI

L’AGONIE DE LA RÉACTION


Dès les premiers troubles, quantité de privilégiés avaient eu la précaution de se mettre à l’abri. Quand la crise s’accentua, ce fut une ruée d’émigration.

Parmi ceux qui fuyaient la révolution, les uns étaient des superficiels, des frivoles, aimant leurs aises et redoutant les émotions ; d’autres avaient de plus sérieuses raisons pour aller respirer un autre air : leur nom avait une notoriété tellement fâcheuse qu’il paraissait condenser les haines populaires. D’ailleurs, pour les uns et pour les autres, l’émigration était un minime incident. L’habitude des grandes randonnées en automobile, des excursions aux rives du Nil ou aux fiords de Norvège, les avait imprégnés de cosmopolitisme. Sachant qu’ils pourraient trouver leurs aises n’importe où, l’expatriation leur était douce. Et puis, ils avaient les mêmes illusions que les émigrés de 1790 : ils comptaient revenir tôt et ne voyaient dans les troubles du moment que l’occasion d’un voyage imprévu, mais non désagréable.