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L’épuration radicale dont nous venons de narrer quelques-unes des péripéties ne se limita pas à la capitale. Avec un entrain égal, la province se mit à l’unisson : les palais de justice et les prisons y furent rasés, les casernes et les forts démantelés.

Bientôt, sur toute la surface du territoire, il n’y eut plus un bataillon en armes. Simultanément, à la dislocation et à la dispersion de l’armée, le recensement des armes défensives était effectué et, par l’intermédiaire des Bourses du Travail, leur distribution s’accomplissait dans les syndicats, au gré des demandes.

Dans chaque syndicat un groupe de défense s’était constitué, auquel affluaient volontairement les éléments jeunes et actifs ; on s’y exerçait au maniement des armes et aux manœuvres de résistance, afin de n’être pas pris au dépourvu, au cas de conspiration réacteuse. Ces groupements émanaient des Bourses du Travail et, tout en liant des relations avec les groupes similaires de la région et des centres éloignés, leurs membres ne cessaient pas d’être des syndiqués actifs. Ils ne se croyaient pas dispensés de leur somme de production quotidienne, sous le prétexte qu’ils se livraient à des exercices de gymnastique militaire.

Ces cohortes syndicales n’étaient pas une force extérieure au peuple. Elles étaient le peuple lui-même qui, ayant libéré le travail, avait la prudence de s’armer pour protéger la liberté conquise.

Cette organisation de défense, à base corporative et fédéraliste, rendait impossible toute intrigue tendant à détourner cette force armée de la fonction