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moral, sous forme de boycottage, de mépris.

Cette quarantaine était suspendue, dès qu’on jugeait amendé celui qui y était soumis.

Dans des cas excessivement rares, le bannissement fut appliqué, par décision de l’assemblée générale du syndicat, dont il pouvait être fait appel à la fédération corporative, et voire au Comité Confédéral. Mais on n’eut besoin de recourir qu’exceptionnellement à cette mesure. Le plus souvent, le boycottage suffisait à amender las délinquants.

Pour accepter d’être mis ainsi au ban général, il faut être rudement trempé et être soutenu par une grande et généreuse idée, — c’était le cas, autrefois, des révolutionnaires qui, forts de leurs idées subversives, affrontaient l’opinion publique et se moquaient de la réprobation moutonnière et unanime qui s’attachait à eux ; ou bien, il faut se savoir approuvé et encouragé dans un certain milieu — c’était le cas des criminels de droit commun qui, pour le monde des prisons, étaient des héros.

Or, comme il fallait, maintenant, davantage d’énergie pour affronter la réprobation générale que pour se plier aux conditions de travail exigées, — et comme il n’y avait plus de population interlope pour admirer les « apaches », plus de presse pour exalter leurs exploits, ces tristes spécimens disparurent.

Le régime de pestiféré auquel les coupables étaient astreints était si pesant, si pénible, que les méfaits devinrent de plus en plus rares. Ce frein moral fut plus efficace que ne l’avaient été les pénalités de la société bourgeoise : par cette méthode, on obtint