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crasse et de relents humains ; là, où avaient crevé et agonisé tant de douleurs ; s’adressant aux prisonniers et aux gardiens, qui les écoutaient sur pied d’égalité ;… ces paroles proclamèrent toute l’étendue du bouleversement social, — et elles émurent et convainquirent leurs auditeurs.

Les gardiens furent heureux d’abandonner une profession pour laquelle ils n’avalent que rancœurs, et qu’ils subissaient par besoin ; quant aux prisonniers, la franchise et la sincérité du langage qui leur était tenu, — qui les changeait de l’hypocrisie dont on usait à leur égard, — les impressionna, et la plupart acquiescèrent au contrat qui leur était offert.


La démolition des prisons et des tribunaux et la dispersion dans les groupements de production des parasites qui avaient vécu du dol, du vol, du crime, — soit directement, en y participant, soit indirectement, sous prétexte de répression et en qualité de policiers, de juges, de geôliers, — n’eurent pas pour résultat de mettre la société à la merci du brigandage et de la fainéantise.

Dorénavant, les actes anti-humains relevaient du groupement de travail ou du syndicat auquel étaient affiliés leurs auteurs.

Chacun était donc « jugé par ses pairs », pour employer l’expression ancienne. Mais, ou bien le « coupable » était reconnu malade et il recevait les soins que nécessitait son état ; ou bien, il était prononcé à son égard un verdict qui, au lieu de peine corporelle, entrain ait simplement un châtiment