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savoir et leur intégrité ; ils eurent mission d’examiner ceux d’entre les prisonniers qui, vu leurs tares physiologiques, étaient des malades à soigner, dont la libération brusque eut constitué un danger et qu’on transféra dans des maisons de santé.

Ensuite, les délégués confédéraux réunirent les détenus, — y compris leurs gardiens. Aux uns et aux autres, ils exposèrent les conditions de la vie nouvelle ; ils leur expliquèrent que la révolution était faite pour supprimer les fainéants, les parasites, les voleurs et les criminels de tout ordre et que, par conséquent, désormais, le travail de tous était nécessaire et qu’aucun valide ne devait s’y soustraire. Puis, s’adressant indistinctement aux gardiens et aux prisonniers, ils ajoutèrent :

« À vous de décider si vous vous sentez capables de vous adapter à ce milieu, de vous régénérer ? Si oui, vous ferez choix d’une profession ou d’un métier et vous serez acceptés dans son syndicat. Là, vous ne trouverez que des camarades ; ils vous traiteront en amis et ils ignoreront, — ou oublieront, — l’homme que vous avez été… Au cas où cette existence de labeur sain, base de bien-être, ne vous séduirait pas, libre à vous de refuser le contrat social que nous vous proposons. En ce cas, vous serez bannis du territoire et dirigés sur la contrée que vous désignerez. Mais, afin que, dès votre arrivée, vous ne soyez pas pris au dépourvu, nous vous nantirons d’un léger pécule… »

Ces paroles, retentissant entre les murs épais, derrière les barreaux et sous le jour terne des prisons ; dans l’atmosphère moite des geôles, toute de