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grève en champs de grève et multipliait les incidents tragiques.

En un cas, comme en l’autre, la classe ouvrière s’aguerrissait. Elle prenait possession de la rue, se familiarisait avec les tactiques de résistance. Elle apprenait à ne pas lâcher pied devant les bandes policières et à neutraliser la troupe lancée contre elle.

À être successivement choyée ou morigénée, elle prenait le gouvernement en profond mépris, elle n’avait pour lui que de la haine et perdait de jour en jour sa passivité.

Et c’est pourquoi la sortie mouvementée du meeting du manège Saint-Paul avait si brusquement tourné à la bataille, à l’émeute.


Il y avait une quinzaine de jours que la grève du Bâtiment mettait Paris en effervescence. Elle avait débuté par un mince conflit, sur un chantier : À l’appel de solidarité de quelques ouvriers lésés, leurs camarades des diverses spécialités avaient posé les outils et, rapidement, tout le chantier s’était trouvé en grève. Les patrons, grisés par leur forte coalition, au lieu de chercher à circonscrire le conflit, avaient cru profitable de l’envenimer et, de répercussions en.répercussions, la grève avait gagné toute l’industrie.

Simultanément, d’autres grèves se déroulaient, tant à Paris qu’en province, aggravant le malaise, surexcitant les esprits.

Rien qu’à Paris, les plus approximatives statistiques supputaient que cent milliers d’ouvriers, de diverses catégories, étaient en bataille.

En province, pour être plus éparpillée, l’agitation n’était