Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/188

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’exemple de cette exploitation en commun, dressée en antithèse convaincante, en face de la culture parcellaire du petit propriétaire, qui, malgré un labeur pénible, n’obtenait qu’un rendement médiocre, fit plus, pour lui démontrer la supériorité de l’association, qu’une argumentation serrée et solide.

Le paysan aimait sa terre d’un amour profond, violent. Il l’aimait pour elle-même, — et parce qu’elle lui assurait liberté et indépendance. Or, il avait redouté qu’en s’associant avec ses voisins, en joignant ses lopins aux leurs, sa liberté et son indépendance en soient diminués. L’expérience lui prouvait combien ses craintes étaient illusoires : il voyait que, grâce à la culture en commun, avec économie d’outillage, économie de travail, s’obtenaient de meilleures récoltes. La coordination des efforts et la division du travail permettaient de faire sur un point, et en une fois, des besognes qui, dans le village morcelé, se faisaient isolément et se répétaient autant de fois qu’il y avait de petits cultivateurs.

Les bêtes de trait, réunies dans des écuries saines, étaient soignées plus commodément ; de même les troupeaux. Chacun n’allait plus à son lopin, avec sa charrue, son chariot plus ou moins pratiques ; au lieu de l’éparpillement, des pertes de temps, des corvées inutiles, il y avait entente, symétrie, et la déperdition des forces était réduite au minimum.


Cette transformation de la mentalité paysanne avait été préparée par les coopératives de vente des produits agricoles, par les associations pour