Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/181

Cette page n’a pas encore été corrigée

mouvement fut l’exécration de l’État. Cette fois encore, le cri de ralliement fut : « Plus de politique ! » Et, dans maint village où tous les paysans marchaient d’un même élan, si on leur eut demandé « Qui êtes-vous ? » ils eussent répondu, comme répondirent, en 1907, les viticulteurs d’un village soulevé : « Nous sommes ceux qui aiment la République, ceux qui la détestent et ceux qui s’en foutent ! »

C’est que la haine de l’État était, depuis longtemps, — depuis toujours ! — forte et vivace dans les campagnes. On l’y exécrait autant que l’accapareur de la terre. Haine légitime ! N’était-ce pas l’État qui, — monarchique ou démocratique, — avait légalisé le vol de la terre au paysan, pour la donner au seigneur, au bourgeois ? Sans remonter au delà du règne de Louis XIV, n’est-ce pas l’édit de ce monarque, rendu en 1669, qui permit aux seigneurs de s’approprier sans vergogne la majeure partie des biens communaux ? Et, depuis lors, que firent tous les gouvernements qui suivirent ?

Rien autre que sanctionner cette spoliation, la rendre plus complète.

Les paysans avaient souvenance ! Aussi, dans leur révolte, étaient-ils animés d’un double sentiment : amour de la Terre ! haine de l’État !

C’est pourquoi dès la période révolutionnaire ouverte, malgré quelque hésitation, ils se rallièrent à la forme de groupement qui répondait le mieux à leurs désirs : le syndicat !

Le syndicat se substitua à l’ancienne municipalité et, pour la solution de toutes les questions, il en