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rayonnaient de joie. Leurs pensées audacieuses d’antan prenaient corps. Ils vivaient leur rêve ! Doux moment que celui où s’accostaient les anciens camarades. Ils s’abordaient, les mains tendues et, frémissants, profondément émus, ils s’embrassaient, — transfigurés, rayonnants.

Les délégués nouveaux, dépaysés dès l’abord, au milieu de cette fièvre, furent vite gagnés par cette atmosphère d’enthousiasme. Beaucoup étaient le produit des événements. Avant la révolution, ils s’ignoraient et, si elle ne fut venue secouer leur torpeur, ils eussent continué à végéter, inertes, insensibles, sceptiques. Grâce à elle, leur flamme intérieure s’était révélée à eux-mêmes et, maintenant, débordants de passion, d’énergie et d’ardeurs, ils vibraient avec une intensité magnifique.


Plus merveilleux et plus réconfortant encore que le tableau de l’enthousiasme général qui épanouissait le Congrès était le spectacle de l’unité de pensée et d’action qui l’animait.

Les opinions, qui avaient tant divisé les hommes, avaient stérilisé tant d’efforts, suscité tant de haines, — qui avaient fait couler des flots d’encre… et combien de sang ! — étaient inconnues dans cette assemblée. En elle, il n’y avait pas de partis politiques. Ils avaient disparu dans la tourmente, sombré avec l’État. Ils étaient anéantis, finis, — la révolution 1es avait tués. Toutes les subdivisions, toutes les classifications qu’engendrait le parlementarisme étaient d’un autre âge. Aussi, quand le flot des délégués houlait et déferlait, il était soulevé par des préoccupations