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par la pratique du travail en commandite et par le fonctionnement des coopératives de production, à base communiste, qui s’y étaient fort développées.

Les résistances patronales étaient brisées, purement et simplement, quand elles venaient de gros industriels ; au contraire, on y mit des formes, on usa de persuasion, vis-à-vis des petits ou moyens patrons. À ceux-ci on démontra que la socialisation allait les alléger du tracas des affaires, de la chasse aux commandes, des craintes de la faillite. Ceux qui s’obstinèrent à végéter suivant les anciens modes furent tenus à l’écart ; on les laissa vivre en marge, à leur guise, avec tous les désavantages de l’ancienne société. Comme on ne manquait pas d’outillage, on dédaigna le leur, qu’ils ne purent que très imparfaitement mettre en valeur, faute d’ouvriers disposés à travailler à leur compte.

À côté de ces entêtés, beaucoup, — patrons, entrepreneurs, ingénieurs, — s’essayèrent à l’adaptation. Sacrifiant ce qu’avait de factice leur existence antérieure, ils se soumirent à la vie simple qu’allait être, pour eux, l’existence dans le milieu nouveau. Pour calmer leurs regrets, ils argumentèrent : « Supposons que j’aie fait faillite, que je sois ruiné. Il me faudrait travailler pour vivre… C’est ce qui m’arrive, avec cette différence que suis ruiné en compagnie… »

Or, étant donné que l’être humain a une plasticité considérable, qu’il s’adapte vite aux conditions, aux milieux, aux climats les plus divers, ces « ci-devant » plastronnés d’optimisme, se modelèrent à la vie nouvelle, vivant des heures douces, découvrant