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nul n’avait donc profit à tromper, ni à voler son semblable.

Cette tendance à la franchise et à la bonne foi dans les rapports économiques, ce mépris du mensonge, ce dédain de l’esprit de lucre, se manifestèrent dès les premiers instants. Ils allaient s’accentuer encore, — et ce, d’autant plus qu’ils n’étaient pas le résultat d’une culture individuelle, mais qu’ils découlaient de la structure sociale elle-même.


Il n’y eut pas de formule rigide et sectariste dans les méthodes de réorganisation du travail ; il fut tenu compte des tempéraments et des affinités. Il y eut des variantes, selon qu’on se trouva en présence, soit de grandes ou moyennes usines, soit de survivances de l’artisannerie. Une fois la prise de possession opérée, lorsque certains compagnons manifestèrent le désir de travailler en artisans, isolément, il ne fut pas fait opposition à leurs préférences. De même, la formation des équipes de travail, dans les grandes et les petites installations, ne résulta pas d’injonctions arbitraires, mais de l’entente entre camarades, du recrutement mutuel. De même, il fut procédé à la répartition des fonctions diverses par délibérations et accords des équipes intéressées.

Comme les besognes de coordination, d’organisation directrice et de spécialisation n’allaient procurer à qui en aurait charge aucun bénéfice supérieur, les compétitions furent réduites au minimum et les choix furent souvent judicieux. Au surplus, dans la société bourgeoise, la classe ouvrière s’était déjà familiarisée avec cette sélection des compétences,