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les statistiques pour la production et la consommation. Là, allaient affluer les offres et les demandes ; de là allaient rayonner les indications sur l’utilité de produire en plus grande quantité, tels ou tels objets, plus demandés que tels autres ; de là, allaient parvenir les indications pour diriger sur tels ou tels points, matières premières et produits manufacturés.

Un effet immédiat de la réorganisation fut de modifier l’absurde système de production incohérente et désordonnée, tant pratiquée en régime capitaliste. Autrefois, l’industriel produisait souvent en aveugle, sans être fixé sur la possibilité d’écoulement des marchandises manufacturées par les ouvriers travaillant pour lui ; à l’avenir, on produirait à coup sûr, avec la certitude de répondre à un besoin.

Une autre modification, profonde et d’importance extrême, fut d’apporter dans la production une loyauté jusque-là inconnue : on produisait pour l’usage et non pour la vente, pour l’utilité et non pour le gain. De ce fait, disparut le sabotage abominable, qui avait été en honneur à tous les degrés de l’échelle industrielle et qui avait enrichi tant de patrons et de fournisseurs sans scrupules : les marchandises défectueuses, mauvaises, frelatées, falsifiées, la pacotille et la camelote furent éliminées.

Pourquoi eut-on perdu un temps précieux, gaspillé des matières premières à de telles productions ? C’était bon précédemment, alors que le bien de l’un était fait du malheur des autres. Aujourd’hui, c’était l’opposé ; les intérêts des producteurs étaient identiques et ils étaient soudés à ceux des consommateurs ;