Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée

commode ! Des patrons regimbèrent, ne voulant rien entendre, se refusant à toute discussion, — aussi hargneux qu’un dogue défendant son os. Certains, à mentalité féodale, férus de leurs privilèges, avisèrent à se fortifier dans leurs usines, décidés à renouveler les exploits de la famille Crettiez, à Cluses ; ils s’y enfermèrent et, fusil au poing, ils attendirent les confédérés.

Mais, les temps étaient changés ! Quand les Crettiez canardaient leurs ouvriers, ceux-ci étaient sans armes et les soldats qui montaient la garde aux portes de leur usine les laissaient tirer sans encombre, — loin d’intervenir, ils empêchaient les ouvriers d’enfoncer les portes pour courir sus aux fusilleurs.

Au lieu de cela, les patrons qui singèrent les Crettiez se trouvèrent seuls, en face d’ouvriers décidés et armés. Les rôles étaient renversés : ceux-ci avaient le nombre et la force ! La lutte était inégale ; les patrons étaient vaincus d’avance.


Ces incidents entravèrent peu la réorganisation des modes de travail. Les usines étaient dénombrées, leur rendement possible était supputé, — ainsi que le nombre d’ouvriers de la corporation. Après quoi, les syndicats dressaient la statistique des produits qui se pouvaient manufacturer dans un temps donné ; ils indiquaient aussi les quantités de matières premières diverses proportionnellement nécessaires. Ces renseignements, ils les transmirent à leur fédération corporative et à leur Bourse du travail qui, désormais, étaient les centres où devaient se condenser