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comment nous ferons la révolution

boycottages ; le sabotage sévissait avec une intensité ruineuse.

Tant et si bien que des industriels, des commerçants en venaient à considérer comme peu enviable, — voire intenable, — leur situation de privilégiés.

Au point de vue politique, l’horizon n’était pas moins sombre qu’au point de vue économique. La République avait perdu son attirance d’antan. Elle avait déçu tous les espoirs. Au lieu de devenir ce que, sous l’Empire, on avait rêvé qu’elle serait, — un régime social, ébauche d’un monde nouveau, — elle était ce que la structure de la société rendait inévitable : un gouvernement faisant, comme ses prédécesseurs, les affaires de la classe possédante, — de la Bourgeoisie.

Les partis s’étaient succédés au pouvoir sans que le peuple en éprouvât un mieux-être, y vit un progrès sensible. Les hommes ayant figure de conservateurs avaient passé la main à des adversaires qui se posaient en rénovateurs, s’empanachaient de socialisme. Mais ces derniers qui, dans l’opposition, avaient bataillé pour les grands principes — pour la justice ! pour la vérité ! — une fois haussés au pouvoir, devenus les plus forts, n’avaient pas été meilleurs que les autres.

Et ceci avait parachevé la ruine des illusions populaires ; il éclatait, aux yeux des moins prévenus, que le parlementarisme avait au cœur des germes morbides, dissolvant les bons vouloirs, putréfiant les consciences.

Pour comble, les vices du gouvernementalisme