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ouvriers, avec l’espoir de les tenir en laisse et d’en user comme d’instruments, elle avait eu des déboires.

Le plus typique des exemples fut la constitution, en Russie, sous l’influence de la police et la direction du pope Gapone, de syndicats jaunes qui évoluèrent vite du conservatisme à la lutte de classes. Ce furent ces syndicats qui, en janvier 1905, prirent l’initiative de la manifestation au Palais d’Hiver, à Pétersbourg, — point de départ de la révolution qui, sans parvenir à abattre le tsarisme, réussit à atténuer l’autocratie.

La réorganisation économique ne rencontrait donc pas d’obstacles insurmontables ; la masse ouvrière, — même la plus fermée aux réalisations nouvelles, — suivait le courant.

Cette plasticité n’était pas due qu’à l’allégement occasionné par la ruine du capitalisme, — elle était aussi la conséquence de l’accélération évolutive qui marque toutes les périodes révolutionnaires : les fibres humaines vibrent alors avec une intensité grande, le cerveau fonctionne plus vite et l’adaptation au milieu s’effectue rapide, prompte. Et il n’est pas rare que les plus froids, les plus sceptiques, empoignés, secoués, n’arrivent à s’échauffer, à s’émouvoir.


En même temps que les syndicats, dont le fonctionnement était essentiel à la vie de la cité, procédaient à l’épuration, ainsi qu’à la réorganisation de leurs services, ils ne restaient pas confinés dans l’isolement. Il n’y eut pas, entre eux, les cloisons étanches qui caractérisaient les anciennes administrations ;