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eurent la joie de rencontrer moins d’obstination, d’incapacité et d’inertie qu’ils ne l’avaient supposé. C’était la démonstration que, si ces travailleurs étaient restés jusque-là éparpillés, divisés, ce n’était pas manque d’affinités, non plus que répugnance à l’organisation, — mais conséquence de la compression capitaliste qui avait contrarié leurs désirs de cohésion et entravé leur groupement syndical. Libérés du joug qui avait annihilé leur initiative et leur vouloir, ils se groupèrent, acceptèrent les conseils qui leur étaient donnés, se familiarisèrent avec les besognes et les responsabilités qui allaient leur incomber et acquirent les aptitudes nécessaires.

Ceux-là ne furent pas les seuls à se plier aux événements, qu’ils n’étaient nullement préparés à accepter ou à subir. Bien d’autres firent de même et eurent recours à cette éducation mutuelle de la vie nouvelle qui, donnée sans prétentions, était accueillie sans réticences.

On assista aussi à l’évolution des syndicats jaunes, sur lesquels les capitalistes avaient autrefois fondé tant d’espoirs ; sans esquisser la moindre résistance, ils se laissèrent entraîner dans le sillage révolutionnaire. Il n’y avait rien de paradoxal en cela. Ces agglomérats ouvriers, constitués artificiellement pour la défense patronale, étaient instables, et il était naturel que, dégagés de la domestication, ils se préoccupassent de l’intérêt réel de leurs membres.

D’ailleurs, chaque fois que la bourgeoisie, pour se garantir l’avenir et éviter la propagation des idées subversives, avait favorisé l’éclosion de groupements