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aussi désuète que la Chambre des députés. Mais, comme l’Hôtel de Ville avait derrière lui le prestige de la tradition révolutionnaire, les syndicalistes durent veiller, nous l’avons vu, pour que cette attirance ne fut pas exploitée et pour éviter tout pastichage du passé, — une résurrection de la Commune.


La vie sociale avait désormais d’autres foyers : elle était toute dans les syndicats. Au point de vue communal et départemental, l’union des syndicats locaux, — la Bourse du travail, — allait ramener à elle toutes les attributions utiles ; également, au point de vue national, les attributions dont s’était paré l’État allaient revenir aux fédérations corporatives de syndicats de même profession et à la Confédération (union des organismes régionaux et nationaux, — Bourses du travail et fédérations corporatives).

Donc, sur les ruines de la centralisation, d’où découlaient.la compression et l’exploitation des individus, allait s’instaurer une société décentralisée, fédérative, où l’être humain pourrait évoluer en pleine autonomie. C’était le renversement complet des termes : jusqu’ici, l’homme avait été sacrifié à la société, — dorénavant, la société serait faite pour lui, elle serait l’humus dans lequel il puiserait la sève nécessaire à son épanouissement.

Au règne de la loi, imposé par une puissance extérieure aux individus, allait succéder le régime des contrats, élaborés par les contractants et qu’il leur serait loisible de toujours modifier, révoquer. À la souveraineté abstraite et fictive dont jouissait