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comment nous ferons la révolution

par le lock-out, — jetant indistinctement hors des usines ou des ateliers tous les ouvriers de la corporation.

Ces pratiques de défense patronale avaient, en maintes circonstances, occasionné de douloureuses répercussions dans les rangs ouvriers, y semant la misère et, pour un temps, y disloquant les syndicats intéressés. Comme ces crises n’avaient été que momentanées et partielles, les souffrances qu’elles avaient entraînées n’avaient pas dépassé un rayon restreint. Dans son ensemble, la classe ouvrière n’avait ressenti que par solidarité l’effet de ces mesures : aussi, loin d’atténuer la virulence de ses revendications, elles l’avaient fortifiée, accentuée.

Leur effet avait donc été diamétralement contraire à celui qu’escomptaient les patrons : elles n’avaient pas déprimé les exaltés, mais avaient jeté dans l’orbite syndical les plus indécis, les plus inertes, les moins combatifs d’entre les prolétaires.

Il advenait ce qui se constate aux époques de fermentation révolutionnaire : les tentatives faites pour enrayer la croissance du mouvement subversif tournaient à son avantage.

En la circonstance, la plus tangible conséquence des efforts compressifs des capitalistes, était de rendre plus profonde, plus complète, la rupture entre eux et la classe ouvrière. C’était au point que, maintenant, les périodes d’accalmie étaient rares.

Quand la crise s’atténuait dans une corporation, elle s’envenimait dans une autre. Les grèves succédaient aux grèves ; aux lock-out répondaient les