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cette coordination des efforts communs, aiguillés dans une direction convergente, il put être obtenu une unité de fonctionnement, jamais encore réalisée.


Ce que firent, en l’occurrence, les postiers, — et ce qui se fit dans les différents services publics, — ne fut que la répétition de ce qui s’opérait couramment, pendant la révolution de 1789-93. Seulement, à cette époque reculée, c’était dans le cadre militaire, et non dans le cadre social, que la révolte se matérialisait en actes significatifs.

C’est ainsi que, dans les premiers jours d’avril 1791 — sous le règne de Louis XVI — le régiment d’Auvergne, en garnison à Phalsbourg, destitua tous ses officiers et les remplaça par des hommes de son choix. Un témoin oculaire nous a laissé le récit de l’opération :


« Vers une heure de l’après-midi, le régiment, conduit par ses sous-officiers, se range en carré sur la place d’Armes. Les officiers nobles étaient au café, à boire et à jouer. Les tambours battent, trois briscards sortent des rangs et l’un d’eux tire un papier de sa poche et lit. Il intime au sergent Ravette de sortir des rangs. Celui-ci s’avance, l’arme au bras, et le vieux soldat lui dit : « Sergent Ravette, le régiment vous reconnaît pour son colonel… » Ensuite, continuant à lire, il désigne successivement le lieutenant-colonel, le major, les capitaines, les lieutenants, etc.

« Les officiers nobles, que ce spectacle avait attirés et encolérés,