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exigé, aux magasins de répartition, présentation d’une carte de consommation, délivrée par le syndicat auquel chacun était affilié. Provisoirement, sauf pour le pain et pour le sucre, — le blé étant en abondance et les stocks de sucre considérables, — il fallut se résoudre à un léger rationnement, — qui ne constituait pas une privation, — mais que justifiait pour l’instant la crainte d’insuffisance ou d’irrégularité dans les arrivages.

Il ne fut pris aucune mesure d’exception envers les « ci-devant ». On ne se crut pas en droit de les affamer. On eut à leur égard plus de générosité qu’ils n’en avaient eu à l’égard des malheureux, des sans-travail, des victimes de la société capitaliste. Il leur fut loisible de s’approvisionner, soit moyennant finances, soit sur présentation de cartes spéciales de consommation qui leur étaient délivrées à la Bourse du travail. Cela n’était que provisoire, en attendant que leur situation soit réglée. En effet, la question du parasitisme allait se poser, car dans la ruche sociale il ne pouvait y avoir place pour les frelons.


En même temps que se résolvait le problème alimentaire, on songeait aussi à vêtir et à loger convenablement les déshérités de l’ancien régime. Un peu partout, par quartiers, par rues, par blocs de maisons, des groupes d’affinités se constituaient, — groupes d’enquête et d’initiative qui faisaient pour les malheureux ce que ceux-ci n’eussent osé : ils leur procuraient vêtements, linge, meubles ; ils