Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

leur domesticité se refusait à combattre pour eux ; quand ils se virent boycottés, traités en lépreux, ils durent reconnaître combien pesait peu leur force physique, maintenant que sombraient leurs privilèges. Les révolutionnaires n’avaient d’ailleurs pas l’âme sanguinaire. Ils s’attaquaient moins aux individus qu’aux richesses, sachant que, privés du moyen de corruption qu’étaient celles-ci, les capitalistes les plus redoutés seraient incapables de nuire. Il y eut pourtant, en maintes circonstances, des exécutions brutales ; des vengeances s’exercèrent. Mais, ces drames furent des incidents, et non un système.


Entre tous les possédants, les plus effarés, les plus écrasés sous le poids des événements furent ceux ayant fui Paris ou les centres industriels pour se réfugier dans leurs villas ou châteaux. Ils étaient venus chercher le calme dans leurs terres, espérant y attendre sans encombre la fin de la tourmente.

Et voici qu’elle se déchaînait sur leurs têtes, — au moins aussi tumultueuse et implacable qu’à la ville ! Et voici que les paysans, — libérés de tout respect, leur parlant en égaux, — venaient leur faire sommation d’abandonner ces grands domaines dont ils tiraient orgueil et profit !

Abdiquer la terre en faveur de ceux qui la cultivent… C’était la fin de tout ! C’était plus horrifique que la Terreur de 1793 !…

Cette terre, qu’on leur réclamait hautainement, se fût entr’ouverte sous leurs pieds que leur épouvante n’eût pas été pire !