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Que pouvaient les autorités locales contre ce flot débordant ? Le maire, les quelques fonctionnaires de l’État et les quelques privilégiés que comptait la commune étaient impuissants. Au surplus, la plupart n’étaient pas doués d’un tempérament combatif et, autant ils eussent aimé être défendus, autant.. ils étaient peu disposés à se défendre eux-mêmes. Or, nulle force de compression n’existait plus. Les quelques gendarmes du canton, dont l’ardeur mercenaire était tombée, voyaient la révolte sans défaveur. Quant à l’armée, elle fondait et se dispersait à vue d’œil. Nombre de soldats revenaient au village, heureux de leur libération anticipée ; certains qui, en fuyant la caserne, avaient emporté fusils et munitions, prirent rang parmi les révolutionnaires et se distinguèrent par leur esprit d’initiative et leur fougue.

Certes, souvent les révoltés n’étaient dans le village qu’une poignée d’audacieux ; mais, ils étaient sûrs de la tacite approbation de la majorité et, si peu nombreux qu’ils fussent, moins encore l’étaient les privilégiés. Ceux-ci, isolés et éparpillés, se trouvaient enlisés dans un milieu hostile. Quelques-uns, pourtant, se refusant à accepter les événements, et se refusant aussi à émigrer, s’essayèrent à la résistance. Ils étaient fiers de leur éducation sportive, se savaient forts et robustes. Mais, ils vivaient trop dans le souvenir du passé : ils escomptaient le prestige de leur splendeur déclinante, tablaient sur le respect dont ils avaient coutume d’être entourés.

Quand ils se virent abandonnés, seuls, livrés à leurs propres forces ; quand ils constatèrent que