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À quelles causes doit-on attribuer des faits de cet ordre ? Faut-il en rejeter la responsabilité sur les réacteurs qui, escomptant profit du pire, crurent, grâce à ces faux bruits, exaspérer les paysans contre les révolutionnaires ? .. Ou bien, les révolutionnaires, par calcul machiavélique, usèrent-ils de cet expédient pour secouer l’apathie paysanne ?

Les deux thèses sont également plausibles, si l’on s’en rapporte aux antérieures données historiques : en 1789, aristocrates et révolutionnaires contribuèrent, — les uns et les autres, — à susciter la panique dans les campagnes… Mais, la révolution seule en bénéficia !

Quoi qu’il en soit, d’où que vint l’impulsion, — pour le cas qui nous occupe, — le résultat fut que, comme en 1789, les paysans se levèrent et s’armèrent… Ils s’assemblent, se coalisent !

Une fois debout, ils ne virent pas surgir à l’horizon les brigands annoncés, mais, ayant secoué leur passivité, ils subirent à leur tour l’effet de l’ambiance révolutionnaire. Ils firent ce que, dans tant d’autres villages, on avait fait déjà : ils découvrirent le vrai brigand, — le riche, le grand propriétaire, l’État et ses sangsues !

Et alors, tout comme leurs aïeux de 1789, ils furent empoignés par l’appétit de la terre. En peu de temps, la prise de possession se généralisa. Là où, précédemment, existaient des syndicats, l’initiative vint d’eux ; ailleurs, les révoltés se groupèrent et, sans délai, ils constituèrent des syndicats destinés à devenir le noyau de la communauté nouvelle.