Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

la méfiance et de la haine des paysans à l’égard des ouvriers de la ville. Longtemps, elle n’avait pas eu de meilleurs soldats, à lancer contre ceux-ci, que les jeunes recrues de la campagne. Et c’était pour entretenir, toujours chaude et vivace, l’âpre rancune des terriens, qu’elle avait popularisé dans les villages la légende des « partageux », des prolétaires, toujours disposés à se révolter et à fondre sur les paysans pour leur prendre la terre.


Bien des circonstances avaient fini, cependant, par aplanir ce cruel malentendu. D’abord, la pénétration de l’industrie dans les régions agricoles, — sous prétexte de main-d’œuvre à bon marché, — avait commencé à modifier la mentalité des paysans. Puis, des relations plus étroites s’étaient établies entre la ville et le village, facilitées par le développement des communications, par les journaux, par la montée de l’instruction. D’autre part, le gars parti à la caserne en revenait souvent dégrossi, transformé, imprégné d’idées socialistes, qu’il vulgarisait au retour au pays.

Si l’on ajoute que le peuple des campagnes pâtissait du malaise général, se plaignait de la mévente, des impôts, des hypothèques, on comprendra qu’un jour vint où il élagua de son esprit l’ivraie des préventions et des haines, contre le peuple des villes, qu’y entretenaient les privilégiés.

Considérable fut l’influence des coopératives agricoles. Elles réveillèrent chez les paysans les pratiques d’association et d’entente commune que la bourgeoisie s’était évertuée à étouffer. Comme nombre de ces