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centres de charbonnages, de hauts-fourneaux, d’usines gigantesques, — les travailleurs s’étaient depuis longtemps préparés aux événements actuels ; ils vivaient dans leur attente, — guettant impatiemment leur venue. Afin de n’être pas pris au dépourvu, ils s’étaient procurés des armes, — principalement des fusils de guerre réformés, — et sous le couvert de sociétés de gymnastique, s’étaient familiarisés avec leur maniement.

Dès la déclaration de grève, sans hésitations, ni atermoiements, ils passèrent à l’offensive et, considérant que tout était à eux, ils prirent crânement possession du pays. Les patrons, les directeurs, leurs sous-ordres, — tous ceux qui s’étaient attirés l’exécration ouvrière, — s’enfuirent en hâte. Il y en eut qui ne furent que pourchassés rudement ; d’autres n’échappèrent pas aux colères et aux haines longtemps comprimées.

Quand l’armée arriva dans ces pays en révolte, elle fut reçue par une population décidée à se défendre, supérieure en nombre et qui ne manquait pas d’armes. Les grévistes étaient prêts à la bataille, — ils préféraient cependant l’éviter et agir sur les soldats par la persuasion et la douceur ; ils les accueillirent donc sympathiquement, les exhortant à pactiser avec eux.

Comme l’armée n’était guère retenue dans l’obéissance passive que par la crainte des châtiments, sa désagrégation n’était qu’un problème psychologique : la contagion de l’exemple devait emporter toutes ses indécisions. Lorsque différents corps de troupes, sur des points divers, eurent passé au