Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus que des inconvénients en période révolutionnaire.


Le principal objectif des révoltés fut de mettre l’armée hors d’état de nuire. Dans les villes de garnison, qui étaient d’ailleurs, pour la plupart, presque vides de troupes, car celles-ci avaient été dirigées principalement sur les centres d’agglomération industrielle, — le premier soin fut de s’emparer des officiers supérieurs : mesure simplement provisoire, accomplie pour les immobiliser sûrement. Une poignée d’hommes décidés menait l’opération à bien. Cela fait, les soldats se laissaient assez facilement convaincre, désarmer et licencier. Après quoi, très avisés, les révolutionnaires s’armaient.

Il y eut des variantes dans le débauchage des troupes. Ainsi, il advint, quand un détachement était envoyé sur un point menacé, que la foule ouvrière s’agglomérât sur son passage, faisant reproche aux soldats de leur passive obéissance, les suppliant de se souvenir qu’ils étaient frères de ceux qu’ils allaient combattre et réprimer. Les femmes, surtout, étaient admirables d’audace. Elles se précipitaient à la bride des chevaux des officiers ; héroïques, elles barraient la route aux soldats, clamant, hurlant : « Tuez-nous ou vous ne passerez pas !… » Ces scènes, de noble et épique délire, achevaient de démoraliser les troupes qui marchaient déjà à contre-cœur ; elles résistaient peu, — elles se laissaient arracher les fusils des mains, s’indisciplinaient, se débandaient.

Dans certaines régions à industries uniques, —