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avec un personnel de fortune, ne pouvaient circuler qu’avec une lenteur déplorable.


Quand éclata la grève générale, l’esprit de révolte était, à l’état latent, plus développé en province qu’à Paris. Cette remarque avait été faite à maintes reprises. Il en résulta que, dans quantité de centres, l’accélération du mouvement fut très rapide : très vite, l’évolution se fit et la grève, d’abord de protestation et de solidarité, se mua promptement en grève insurrectionnelle.

Dans les grandes villes, dans les chefs-lieux où siégeaient les autorités, la grève passa par des phases qui, en petit, — et avec des variations d’intensité, — rappelèrent le processus révolutionnaire de Paris. À une période purement expectative, limitée à l’arrêt du travail et à la suspension de la vie industrielle et commerciale, succéda la période offensive : les grève-généralistes occupèrent les centres de l’action gouvernementale et firent la chasse aux représentants de l’État.

L’action révolutionnaire s’engageait avec d’autant plus d’entrain qu’elle s’attaquait à des autorités plongées dans l’inertie, faute d’ordres. Les fonctionnaires du gouvernement étaient trop accoutumés à obéir pour se risquer à bouger sans instructions. Or, comme ils n’en recevaient presque plus, ils restaient dans l’expectative, — ils attendaient ! Ainsi la centralisation, mécanisme si précis et merveilleux, — en temps normal, — qui permettait de faire exécuter, d’un bout à l’autre de la France, le même geste, à la même heure, à tous les préfets, n’avait