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également pour supplanter les grévistes dans certains travaux essentiels.

Où prendre les soldats nécessaires à cette considérable besogne de protection ? Il eût fallu autant de soldats que de poteaux télégraphiques, que de signaux de chemins de fer, que de ponts, que de bornes kilométriques… Il en eût fallu dix fois plus que n’en avaient à leur disposition les autorités !

Les choses en étaient à tel point que, sauf à Paris, où les troupes étaient concentrées en force assez imposante, partout ailleurs l’armée était tellement disséminée qu’elle était incapable de tenir tête à une bande de grévistes disposant de quelques armes et ayant la volonté de se battre.


Certes, il y eut des parages qui furent indemnes de grève, — mais le désarroi n’en était pas moins grand. Il importait peu que, dans une ville de trois ou quatrième ordre, le service des postes continuât à être assuré, étant donné que le télégraphe était immobilisé et le service postal détraqué dans les alentours. Les communications se trouvaient à peu près autant entravées que si la cessation de travail s’était étendue partout.

Même constatation pour les chemins de fer : il y eut des gares où la grève fut nulle. Seulement, le trafic n’en était pas moins arrêté, parce qu’il suffisait pour cela que, dans quelques gares, les employés aient bloqué les voies, mis les disques à l’arrêt, entravé les aiguilles et cessé le travail. Or, comme ces engorgements se renouvelaient de distance en distance, les rares trains qu’on parvenait à lancer,