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numériquement trop faible pour écraser la révolte et, qui plus est, on ne put, faute de moyens de communication rapides, la diriger sur les points menacés.


Lorsque la tuerie des grands boulevards vint finir d’encolérer Paris, la crise économique sévissait en province, — tout comme dans la capitale, — et les grèves y faisaient rage. Aussi, dès que s’y propagea la nouvelle du massacre, le courroux qu’il suscita porta l’effervescence au comble.

Dans les endroits où les travailleurs étaient aux prises avec les patrons, le caractère de ces conflits fut instantanément modifié et, sans retard, la grève générale était proclamée.

Le soulèvement ne fut pas restreint aux seules localités en grève. Il se propagea rapidement et, dans la plupart des centres où l’organisation syndicale avait poussé des rameaux vigoureux, la cessation du travail se généralisa avec une impétuosité inouïe.

Les appels de la Confédération et les mesures combinées par les fédérations corporatives tombèrent dans un terrain préparé et eurent le résultat d’exalter et de fortifier le mouvement, — plus que de le commander et de le diriger. La valeur et la supériorité de l’organisme confédéral ne consistaient pas en des fonctions directrices, mais plus exactement, dans une faculté d’impulsion et de coordination. Il était doué, en effet, d’une force de vibration qu’il puisait dans son agrégat fédératif et qui, en rayonnant, s’amplifiait.

On apprécia alors combien étaient superficiels et