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comment nous ferons la révolution

Les boulevards étaient encombrés par la cohue des promeneurs, — ainsi que des flâneurs installés aux terrasses des cafés. La manifestation jeta la surprise, le tumulte et l’effroi dans cette foule et, l’entraînant en partie, elle dévala en torrent vers la Madeleine, grossie de curieux, de jeunes gens.

Aussitôt avisé, le préfet de police avait donné ordre de diriger des bandes d’agents contre les manifestants. Pour aller vite, on les entassa dans le métro et on les débarqua place de l’Opéra. Ces bandes, augmentées des soldats qui montaient la garde au chantier de la place et aux chantiers voisins, on les lança à la rencontre des grévistes.

Le choc se produisit proche le Vaudeville. Les policiers, mettant vite le sabre à la main, se ruèrent sur les manifestants. Ceux-ci, indignés et exaspérés, ne lâchaient pas pied. Ils se défendaient comme ils pouvaient, faisant arme de tout ce qu’ils trouvaient auprès d’eux. Mais, combien inégal était le combat ! Bientôt, quelques coups de feu éclatèrent. D’où partirent les premiers ? Des agents ?… Des grévistes ?… On ne sut ! Toujours est-il que les revolvers d’ordonnance des sergents de ville firent davantage de victimes que les pétoires des manifestants.

Ceux-ci tenaient toujours tête et la lutte ne faisait que grandir leur courage. Comment cela finirait-il ? Quoique mal armée, la multitude était redoutable par sa fureur et son impétuosité. Or, les officiers de police ne voulaient pas que leurs hommes reculassent ; ils firent intervenir la troupe.

Les soldats, rendus plus inconscients encore par la fièvre de la bataille, par les coups reçus, obéirent comme