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étaient déconfits, mais non convertis. La fréquentation des milieux parlementaires et la pratique légiférante les empêchait de comprendre le mouvement ; son envergure les dépassait, — et ils croyaient la révolution perdue. Cependant, leur intervention ne fut pas néfaste, grâce aux habitudes de lenteur, de discussions oiseuses, se perpétuant sans aboutir, que leur avait inculqué le parlementarisme. Les syndicats les gagnèrent d’activité et de vitesse ; chez eux, les discussions étaient brèves, les décisions promptes et leur mise à exécution suivait, rapide. Cette supériorité annihila les parlementaires de la révolution qui, privés de points d’appui, s’agitaient dans le vide, s’épuisaient en efforts devant rester sans sanctions, puisque toutes les forces sociales avaient désormais fait retour aux organismes corporatifs.

La régression gouvernementale fut donc évitée et, — une fois le terrain déblayé de toutes les superfétations politiques, il appartint aux intéressés eux— mêmes, réunis dans leurs syndicats, les Bourses du travail, la Confédération, de réaliser directement les conditions de la vie nouvelle.


Le premier soin fut de ne pas retomber dans les errements de 1871. Le souvenir de la Commune, montant la garde aux caves de la Banque de France, dont les millions servirent à alimenter la répression versaillaise, était trop vivace et trop obsédant pour qu’on commît la même faute. Les révolutionnaires avaient le sens des réalités sociales et ils ne croyaient pas leur victoire parachevée, parce qu’ils