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torpeur des jours précédents, la nuit vint, sereine, troublée seulement par l’exubérance et la frénésie de la joie populaire.

Le succès de la révolution s’annonçait irrésistible, — l’effondrement du pouvoir semblait complet, irrémédiable. Les hommes, qui avaient porté la responsabilité de la résistance, — président, ministres, officiers supérieurs, grands dignitaires de l’État, — s’étaient éclipsés, évanouis ! Et, comme conséquence de cet écroulement, de cette débandade, ce qui restait d’armée tombait à rien. Les officiers avaient, la plupart, prudemment disparu ; ceux qui restaient étaient les rares chefs imprégnés d’aspirations sociales et qui, estimés de leurs soldats, étaient bien près de partager avec eux l’allégresse populaire.

Quant aux soldats, revenus au peuple, mêlés à lui, partout on leur faisait fête, partout on les accueillait fraternellement… N’avaient-ils pas, dans une large part, contribué au succès de la journée ?

Après les poignantes angoisses de la grève, tous, — bourgeois et ouvriers, — savouraient la détente. Pour les premiers, cependant, cette détente s’acidulait d’inquiétude, — qu’allait être le renouveau social ? Pour les seconds, l’inconnu de demain n’annonçait que joies, — il était la réalisation des espoirs caressés tant et tant : la fin des cauchemars de misère !