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les moissonneurs à leur besogne. Effaçons— nous ! Laissons faire, laissons agir les organisations syndicales. L’axe social est déplacé. Il n’est plus ici, il n’est plus à l’Elysée, il n’est plus place Beauvau, il n’est même plus à l’Hôtel de Ville… il est à la Bourse du travail, il est rue Grange-aux-Belles ! Place donc à la classe ouvrière. Laissons-la entrer en scène, occuper les premiers rôles. Rentrons dans le rang, sans vanité froissée, sans dépit. Nous trouverons bien moyen de donner encore un coup de collier… »

Tandis que le tribun socialiste tenait les envahisseurs sous le charme de son éloquence, la plupart des parlementaires, — ceux surtout qui se savaient fortement exécrés du peuple, — de même que les membres du gouvernement, se faufilaient hors de la salle des séances et s’esquivaient. Si bien que, quand l’orateur eut fini de parler, il n’y avait plus guère dans l’enceinte que la foule, toujours aussi dense, et les députés de l’opposition.

Entre ceux-ci, le désaccord surgissait. Il en était qui, ne voyant rien au delà du démocratisme, désapprouvaient formellement, et de très bonne foi, la thèse du tribun socialiste et s’obstinaient à donner suite à leur projet de « commission provisoire » de « gouvernement révolutionnaire »… quelle que fût son appellation ! La chose leur importait, plus que l’étiquette !

Mais, les grève-généralistes veillaient. Leur triomphe était complet et ils n’étaient pas d’humeur à laisser le champ libre aux parlementaires, — si bien intentionnés fussent ceux-ci. Après une brève