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tandis que sur les gradins conduisant à la tribune oratoire, des grappes humaines s’échelonnaient, se bousculaient. Un manifestant, grimpé au fauteuil présidentiel, poussait le président ahuri, prenait sa place et, agitant frénétiquement la sonnette, apaisait la houle, obtenait un silence relatif. Il en profita pour proclamer, en phrases hachées, tonitruantes, qui tombaient en coups de massues, la déchéance du parlement, la dissolution de l’État bourgeois et il menaça de mort les députés qui oseraient siéger encore.

Sa péroraison, que ponctuèrent les frénétiques approbations de la foule, souleva les protestations des députés de l’extrême gauche qui, dans le désarroi parlementaire, avaient conservé leur sang-froid. Les socialistes eussent voulu donner aux événements une orientation autre : ils voulaient légiférer ; leur rêve était d’acheminer la révolution par les voies étatiques, de la continuer et de la parfaire à coups de lois et de décrets. Ils songeaient à revivre le passé et s’exclamaient : « Proclamons la Commune !… à l’Hôtel de Ville !… »

Des huées, des vociférations accueillirent ce projet. Une nouvelle tempête de cris s’éleva, au milieu de laquelle s’entendaient des grondantes protestations et les menaces de pulvériser toute renaissance gouvernementale. II se révéla alors combien était profonde l’imprégnation syndicaliste. Les cris redoublèrent. « Non ! Non ! Pas de Commune !… Plus de parlementarisme !… Vive la Révolution ! Vive la Confédération du travail !… »