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les bruits. Les gardes municipaux qui barraient le pont de la Concorde, essayèrent de s’opposer au passage de cette foule. Ils tirèrent leurs sabres. En vain ! Ils furent ballottés, submergés par les flots du peuple qui, cette digue brisée, atteignit le péristyle de la Chambre. Du côté de la rue de Bourgogne, la défense ne fut pas plus tenace. Il y avait des mitrailleuses dans les cours. Elles y restèrent inutilisées, — leurs servants répugnant à les braquer contre les envahisseurs, au milieu desquels ils voyaient nombre de leurs camarades.

La présence des soldats, dans les rangs des grévistes, fut pour beaucoup dans la faible résistance des troupes encore fidèles au gouvernement.

Ce fut donc par tous les côtés, qu’en des poussées irrésistibles, la Chambre des députés fut envahie. La foule, bruyante, coléreuse, n’avait qu’un objectif : la salle des séances ! Elle y pénétra en trombe, emplissant les tribunes, encombrant l’hémicycle, — tandis que nombre de députés jugeaient prudent de se retirer.

Ce furent des cris, des clameurs, des rugissements. Des tribunes publiques un coup de feu partit, -visiblement tiré sur le banc des ministres. Un bras détourna l’arme et la balle alla s’enfoncer dans une boiserie, tandis que retentissaient d’assourdissantes exclamations : « À bas le Parlement ! Vive la Révolution sociale ! »

Des citoyens bien intentionnés, souhaitant que la révolution ne s’ensanglante pas inutilement, et qui la rêvaient sans actes de haine et de vengeance, dérobèrent les ministres aux colères populaires,