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Dans les couloirs, à la Buvette, des discussions s’engageaient, de ton animé, atteignant vite à un diapason de fureur nuancé de transes. Les gouvernementaux accablaient leurs collègues socialistes de malédictions, les rendant responsables de ce qui arrivait.


La séance s’ouvrit dans une atmosphère fiévreuse. Entre les quelques ministres présents le président du conseil s’efforçait à bonne contenance, — ne laissant point transparaître les inquiétudes qui l’étreignaient. Il monta à la tribune et révéla la gravité de la situation, s’efforçant de la colorer d’optimisme, — et refusant à entrevoir d’autre attitude qu’une résistance outrancière. Divers députés prirent la parole après lui, émettant de falotes propositions, s’étendant en récriminations aussi fastidieuses que hors de propos. On ne les écoutait pas. Les députés, le front soucieux, entraient, sortaient. Ils ne pouvaient rester en place, avides de nouvelles, — se préoccupant avec raison, moins des discours, inutiles et creux, débités par leurs collègues, que de ce qui se passait au dehors. Là était tout l’intérêt !

Les colonnes de grévistes, panachées de soldats, approchaient. Il en affluait par toutes les voies. Les bandes, venues par le quai Voltaire, et celles venues par le boulevard Saint-Germain, arrivaient sur la place du Palais-Bourbon, tandis que celles qui débouchaient par la rue Royale ou la rue de Rivoli inondaient la place de la Concorde.

Maintenant, le grondement de la multitude, qui s’avançait avec un élan de catapulte, dominait tous