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avec promptitude, frapper le Pouvoir au cœur, l’atteindre dans ses œuvres vives. À cela s’employèrent les grandes colonnes, — mi-partie de soldats révoltés et de grévistes — qui, de la place de la Nation, roulaient vers le centre de Paris.

L’une, qui avait descendu le faubourg Antoine et la rue de Rivoli, occupa successivement l’Hôtel de Ville, la préfecture de police, le palais de Justice ; puis, obliquant sur la rive gauche, elle alla donner l’assaut aux divers ministères.

L’autre colonne, celle qui avait suivi le boulevard Voltaire et les grands boulevards, tomba comme un bolide au ministère de l’intérieur d’abord, ensuite à l’Elysée, à la place Vendôme…

Le point de jonction de ces colonnes était le Palais-Bourbon…

La marche de ces masses, qui roulaient torrentueuses, fut si imprévue, si subite, si brusque, qu’aucune mesure sérieuse pour s’opposer à leur passage n’avait pu être prise. Sur leur route, elles s’enflaient, grossissaient — allaient en avalanche ! — entraînant le populaire et les soldats qu’elles rencontraient, brisant comme fétus de paille les rares bandes de policiers ou de troupes fidèles au pouvoir qui tentaient de leur faire obstacle.

Rien ne résistait à cette houle humaine ! Elle passait, élément déchaîné, — c’était l’Océan en furie…

Et sous ses flots allaient s’engloutir le gouvernement et le régime parlementaire.