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se resserrait autour des soldats, se mêlait à eux, — malgré les injonctions des officiers qui, impatientés, nerveux, hésitaient cependant à ordonner des brutalités contre elle, tant elle était inoffensive d’aspect.

Entre temps, de Vincennes, les grévistes revenaient sur Paris, en longues colonnes ; ils étaient enthousiastes, leurs yeux reflétaient la force et la confiance. Ils étaient armés ! Ils allaient, vibrants d’énergie, scandant leur marche de refrains révolutionnaires et ne redoutaient aucune rencontre.

Comme toutes les armes et munitions n’avaient pu être distribuées sur place, ils en avaient rempli des camions, qu’ils ramenaient et escortaient.

Au départ de Vincennes, les révolutionnaires avaient eu la précaution de prendre des mesures de prudence ; pour éviter tout piège ou une attaque imprévue, des cyclistes circulaient en avant et sur les côtés, en éclaireurs. D’autres grévistes à qui le maniement des armes était familier, formaient une avant-garde et quelques-uns des plus intrépides s’étaient improvisés chefs de file.

Maintenant, par la large avenue, en un front étendu, la colonne dévalait et, houleuse, elle approchait de la place de la Nation. Minutes tragiques, décisives !

Un régiment de ligne, envoyé à la rencontre des insurgés, les attendait devant l’œuvre de Dalou. Ce monument, — ironie des choses ! — baptisé « Triomphe de la République », allait donc être le témoin de la débâcle de la république bourgeoise !… Quelle joie eût éprouvé le grand artiste, combien il eut