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de Colbert et aussi à celles du moyen-âge. Comme l’a noté finement François Le Grix : « Toute l’économie du moyen âge est fondée sur la notion de contingentement. »

Et le concordat ? Je me suis entretenu à Nuremberg et ailleurs avec plusieurs ecclésiastiques, des franciscains en particulier, rencontrés à Bayreuth aux représentations wagnériennes ; ils étaient si réservés, que rien ne transparaissait de leurs sentiments intimes.

Reste le problème militaire. On connaît la position prise par le chancelier : « Désarmement pour tous ou liberté absolue des armements. » C’est au fond à cette liberté que l’Allemagne aspire. Sur ce point tout interlocuteur germain est formel. L’Allemagne veut redevenir ce qu’elle était avant 1914 : la puissance la plus redoutablement armée du globe. S’il est impossible, à un touriste, de contrôler les armements d’outre-Rhin, la militarisation de la nation fait, d’année en année, des progrès qui frappent tout Français de sang-froid.

Les Allemands, pour justifier le service militaire obligatoire, qu’ils ne tarderont pas, sans doute, à rétablir, évoquent une raison assez savoureuse : « Parvenus à leur vingtième année, disent-ils, nos jeunes gens sont ingouvernables, la discipline des gymnases, des universités ou des sociétés sportives est insuffisante. Pour former un honnête homme le régiment est indispensable. Là seulement on apprend à obéir, on acquiert le sens des responsabilités. Nous n’avons aucune pensée belliqueuse, mais nous voulons le retour au service militaire obligatoire, c’est pour notre race une nécessité. » Des hommes sérieux, des Français qui habitent l’Allemagne et que je sais peu suspects de pessimisme ou d’exagération prétendent que dans de nombreuses usines on fabrique des canons, des mitrailleuses, des tanks et des munitions.

Notons toutefois, pour ne point nous abandonner à un pessimisme débilitant, que la France conserve outre-Rhin un immense prestige. Chaque fois que je vais en