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xxij PRÉFA CE.

ou aux intendans de les lever avec la plus grande modération, et les punissoit s’ils ne le faisoient pas. II ne pouvoit regarder comme un plaisir des richesses acquises par l’oppression de ses sujets (a). II ne se permit pas même de voyager dans les provinces, regardant comme onéreux pour les peuples le cortège du prince même le plus économe (b).

Marc-Aurèle fit quelques changemens, sans doute heureux, à la loi du vingtième sur les successions ; il en étendit les dispositions favorables. On ne peut le supposer autrement de celui qui, dans un besoin public, aima mieux vendre ses meubles, ses tableaux, sa vaisselle, ses pierreries, que d’ordonner une nouvelle contribution, et qui accorda à toutes les provinces la remise de ce que différens particuliers pouvoient devoir au trésor impérial depuis quarante-six ans qu’Adrien en avoit fait une semblable (c). Orose dit même que Marc-Aurèle fit brûler sur la place publique les registres qui renfermoient les preuves écrites de ces dettes (d). Adrien avoit fait brûler de même les témoignages écrits de l’argent dû par ses sujets des provinces depuis seize années (e) : plusieurs médailles en ont conservé le souvenir.

Nous n’avons pas besoin d’observer que rien de pareil n’arriva sous Commode. Pertinax donna beaucoup de soins à la culture dans les provinces, et dans les Gaules en particulier ; il supprima ou diminua par-tout ces péages excessifs dans les ports, sur les chemins, sur les rivages des fleuves, qui établissoient des gênes également contraires à la circulation du commerce et à la liberté publique (f). Malheureusement, ils reparurent tous sous les successeurs de Pertinax. Septime Sévère déchargea les Gaulois de la redevance pour l’établissement des postes impériales ; il voulut que le fisc seul en fût chargé désormais (g). Caracalla fut moins indulgent ou plutôt moins juste (h). Les impositions qui n’existoient pas encore, il les créa ; celles qui existoient, il les appesantit. Il fit ainsi une nouvelle augmentation de la paie guerrière ; augmentation par laquelle, dit Montesquieu (i), l’empire fut mis dans cet état, que, ne pouvant subsister sans les soldats, il ne pouvoit subsister avec eux. Celles même des actions de Caracalla qui paroissent un bienfait sont le fruit d’une avarice sordide ; telle est la concession faite à toutes les provinces du droit de bourgeoisie romaine : l’espoir d’exiger d’un plus grand nombre de personnes la contribution payée seulement par ceux qui avoient ce droit, pro- (a) Voir J. Capitoiin, §Ç 6 et suiv. (f) Hérodote, liv. II, chap. iv. (b) lbid. S 7. (g) Spartien, Vie de Sévère, § i4· (c) Capitoiin, Vie de Marc-Aurèle, S 17. (h) Dion , liv. LXXVII, i/ι exceptis (d) Orose, liv. VII, ch. xv. Valesii, p. 74 5- (e) Dion,liv. LXIX, c. vin. Spartien, (i) Grandeur et décadence des Ro-Vie d’Adrien, § 7. mains, chap. xvi.