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PRÉ FA C E. xyij

la huitième année du règne de Tibère. Les peuples qui habitoient les districts ou cités de Tours et d’Angers furent les premiers à se soulever (a). Trêves et Autun fournirent des chefs à la rébellion, inspirées, la première par Julius Florus, et la seconde par Julius Sacorvir, tous deux d’une naissance illustre, et dont les ancêtres avoient obtenu le titre de citoyen romain (b) dans un siècle où il étoit rare, et où on ne l’accordoit qu’au mérite. Les plaintes, les efforts, les combats même furent inutiles ; ils ne servirent qu’à mieux faire éclater la foiblesse des Gaulois et la puissance de leurs ennemis. Ce Tibère néanmoins, qui fouloit ses peuples et ajoutoit aux surcharges d’Auguste, est le même qui, au commencement de son règne, avoit écrit aux commandans de toutes les provinces, qui l’invitoient à augmenter l’impôt, ces paroles si connues, que Dion et Suétone rapportent avec éloge (c), quoique la restriction même soit d’un administrateur peu humain : « Il est d’un bon berger de tondre son troupeau, et non de l’écorcher ; boni pastoris est tondere pecus, non deglubere. »

Caligula poussa les déprédations plus loin que Tibère (d) : réduit à l’indigence par ses prodigalités insensées, il ne trouva d’autres moyens d’y remédier que de nouvelles extorsions. Rome ne suffisoit pas à ses besoins ; les provinces y suppléèrent. Pendant un séjour qu’il fit dans les Gaules, vers l’an 39 de 1ère chrétienne, après avoir vendu, à un prix exorbitant qu’il forçoit de donner, les meubles, les bijoux, les esclaves, les affranchis même de ses soeurs, il exigea, sous divers prétextes, de différens propriétaires riches, des rétributions immenses, qu’il vouloit encore qu’on lui accordât avec une apparence de liberté et comme un don gratuit. II osoit, en jouant, se faire apporter le registre du cens de la province et envoyer donner la mort à ceux qu’il y trouvoit les plus opulens afin de s’emparer de leurs biens, et dire avec un ris barbare à ceux qui l’entouroient : « Vous courez après quelques sersterces, et moi je viens, dans un instant, de gagner plusieurs millions. » Enfin, tributs nouveaux, contributions fiscales, taxes, rapines ; il ny eut pas de moyen dont Caligula ne se servît pour rendre plus pesant le fardeau qui accabloit les Gaulois. Sous Claude, ils jouirent de l’avantage, désiré depuis long-temps, d’être admis dans le sénat et d’avoir droit aux dignités de l’empire (e). Mais cet avantage, réservé aux citoyens illustres, ne diminua en rien pour le peuple la masse des impôts. Néron, à son avènement au trône, adoucit ou abolit ceux qui étoient le plus difficiles à supporter (f). Il (a) La Gaule avoit alors soixante- (d) Suétone, Vie de Caligula, SS 38 et quatre cités. 39. Dion, liv. LIX.

(b) Tacite, Annal. 111, SS 4o, 41, 44· (e) Tache, Annales XI, S 23. Voir la (c) Dion, LVII, p. 787. Suétone, 77- page suivante, vers la fin. hère, S 32. (f) Suétone, Vie de Néron, S 10.

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