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xvj PRÉFACE.

pour signaler une nouvelle équivoque de fauteur de l’Histoire critique de l’établissement de la monarchie française dans les Gaules. Selon lui, du temps de cet empereur, le corps de ville étoit chargé du recouvrement des impositions. Oui, le corps de ville, c’est-à-dire les principaux des citoyens curiaux, des décurions ; mais non pas tous les décürions, comme il l’entend lui-même. Principales viros e curia, dit la loi ; et j’ai dit qu’après avoir fixé à Rome le taux général de l’imposition, et fait sur chaque province une répartition particulière, on la faisoit sur chaque cité, sur chaque ville. Je trouve une loi (a) qui, constatant l’usage établi depuis plusieurs siècles, exprime comment on y procédoit. Après avoir ordonné de publier à une époque fixe le rôle général, elle ajoute : Declarantes quantum unicuique provincia sive civitati pro unoquoque jugo, aut villis, aut centuriis, aut alio quolibet, tam in specie quam in auro, fiscalium causa imminet : indicantes quoque, frc.

De ΓImpôt dans les Gaules sous les règnes d*Auguste et de ses successeurs jusquà Domitien.

Je crois avoir parlé du dénombrement fait dans les provinces, par ordre de l’empereur : en revenant à Rome, il avoit laissé Drusus dans les Gaules, et l’avoit chargé d’y achever ce dénombrement. Les Gaulois supportoient avec une grande impatience l’opération prescrite par Auguste. Ceux qui habitoient dans le voisinage du Rhin ne furent pas les derniers à essayer de s’y soustraire ; il fallut que la victoire les contraignît à payer et obéir. Une soumission dont la victoire est la seule garantie n’a que la durée que la crainte lui donne ; et si, au lieu de l’adoucir, on la rend plus pénible encore, une nouvelle révolte n’est pas éloignée. Les tributs dont les Romains accablèrent les Gaulois devenoient toujours plus excessifs (b), et la misère étoit si grande que, pour payer le fisc, les seconds étoient obligés d’emprunter des premiers, lesquels exigeoient d’eux des intérêts qui finissoient par tout absorber. A la mort d’Auguste, Germanicus étoit resté, dans les Gaules, chargé de la répartition et de la levée du tribut (c). Tibère eut à peine passé deux ou trois ans sur le trône, qu’il envoya pour le même objet Publius Vitellius et Caïus Antius. Les Gaulois, peuple fier et ami de la liberté, supportoient toujours avec plus de peine une action qu’ils regardoient comme la marque de la servitude. Après plusieurs années de murmures sourds et de projets de vengeance, la rébellion éclata on les vit même, quand l’empereur accor-

doit quelque remise, se l’approprier.

Voir Saivien, 111, chap. vin, p. 108.

(a) Novelle CXXVIII, chap. i.er

(b) Voir Velleius Paterculus, liv. II,

§ 39 ; les notes de ses commentateurs sur

ce passage ; Justin, XIII, S i.er, et Eu-

trope, VI, chap. xvii.

fcj Tacite, Annales, I, SS 31 et 33.

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