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PRÉFACE..

à y ajouter. Avant Auguste, on n’exigeoit pour cela aucune rétribution particulière : tant qui les Romains furent libres, ils ne songèrent guère à mettre à prix les services qu’ils rendoient à la patrie. Des honoraires furent accordés à cet effet, soit au proconsul, soit aux intendans, en les proportionnant néanmoins à la dignité dont ils étoient revêtus. L’empereur renouvela la défense d’exiger rien au-delà de ce que lui ou le sénat auroient prescrit. Toutefois, cette défense ne fut pas observée par-tout également ;Licinius en est un exemple. Chargé, sous le titre de procurator, de veiller à la perception de l’impôt, il ne le fit pas avec bonté ; jamais peut-être on ne mit plus de rigueur à des fonctions plus rigoureuses. Ce n’étoit pas assez pour lui que la Gaule supportât un fardeau considérable, il l’appesantissoit en exigeant qu’on payât dans l’année ce qu’on n’auroit dû payer que dans quatorze mois ; car, bien qu’il y eût une somme fixée annuellement, c’est par mois qu’on exige oit le tribut, et ceux de juillet et d’août ayant reçu de nouveaux noms depuis que la flatterie leur avoit donné ceux de César et d’Auguste, Licinius les comptoit deux fois. Les malheureux qu’il opprimoit réclamèrent, mais sans succès : le prince, suivant une règle trop commune, crut devoir soutenir l’agent qu’il avoit choisi, quoiqu’il le désavouât en secret ; et il feignit d’ignorer ou de ne pas croire le plus grand nombre des faits sur lesquels portoit la dénonciation. Licinius ne fut pas moins servi par son adresse. Sentant le danger qui le J>ressoit, et connoissant l’avarice d’Auguste, il l’amena chez lui, et, montrant les trésors immenses et les contributions dans tous les genres qu’il avoit entassés, il voulut encore aspirer à sa reconnoissance : « Prince, lui dit-il, c’est pour vous, c’est pour les Romains que j’ai » acquis ces richesses ; c’est pour vous que je les ai conservées, et je » vous les offre comme votre propre bien : je n’ai pas dû les laisser »à ces étrangers, et j’ai affermi votre empire sur eux en diminuant » leur opulence et par conséquent leurs ressources. » Ce discours, et plus encore la vue des trésors, firent impression sur l’empereur, et le déprédateur public fut absous. Il est à remarquer que l’exacteur impitoyable des Gaulois étoit né Gaulois lui-même ; d’abord esclave de César, affranchi ensuite, il avoit obtenu la confiance d’Auguste, et c’est ainsi qu’il la justifioit.

Disons maintenant comment se faisoit, dans chaque cité des Gaules en particulier, la perception de l’impôt.

On se souvient de quelle manière ces cités étoient administrées. Tous ceux qui avoient droit de voter dans les assemblées municipales, curiales, se rassembloient dans une demeure commune qui revient à notre hôtel de ville, curia. Je dis tous ceux qui avoient droit de voter dans les assemblées municipales, et je ne me dissimule pas que Dubos a dit le contraire ; il sépare les curiales des décurions, quoique les deux mots, appliqués aux municipalités gauloises, me paroissent syno-