Page:Pastoret - Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome 18.djvu/533

Cette page n’a pas encore été corrigée

468 Ordonnances des Rois de France

en Ardenne et de Guynes, se soit tousiours, par cy-devant, tant par avant que depuis nostre advenement à la couronne, très-grandement et vertueusement employé à nostre service à la conduite de plusieurs grans matières concernans nostre personne et autres noz plus grans affaires et de nostre royaume, considerans aussi que, quelques guerres et divisions qui a|cnt esté entre nous et feu nostre cousin Charles, en son vivant Duc de Bourgoigne , icelluy nostre cousin Anthoine a tousjours esté en tout loyal et droicturier envers nous et la couronne de France, traitié et tendu à bien de paix, sans ce qu’il ait aucunement machine, entreprins ne conspiré aucunes choses redondant à la robe ^ ou oppression de nous ne de noz pais et subjeetz, ainsi que sommes deuement acertenez ; par quoy, depuis le trespas de nostredit feu cousin de Bourgoigne, l’avons approuché de nous pour nous servir de lui en nos plus grans affaires, ce qu’il a libéralement et voulenterement fait en continuant tousjours en son bon vouloir, et à ceste cause a abandonné plusieurs belles et grans terres et seigneuries et autres biens meubles et immeubles de grant valeur et estimacion. Et pour ce que, en retirant icelluy nostredict cousin en nostredict service, en ayant regard et consideracion aux choses dessusdictes, nous lui avons promis de nostre propre mouvement le pourveoir en noz pais et obéissance de places, terres, seigneuries et chevance pour entretenir son estât, si grandement qu’il soit mémoire à tousjours des très-grans et recommandables services qu’il a faiz à nous et à la maison de France qui sont dignes de bonne et très-grande remuneracion, nous, bien recors et memoratifs des choses dessusdictes, voulans acquicter envers nostredict cousin nostredicte promesse, et le eslever et augmenter en honneur, biens et chevance, pour ces causes, et afin qu’il soit plus enclin de continuer de bien en mieulx en nostredict service, et d’estre tousjours bon et loyal envers nous et la couronne de France, et pour plusieurs autres très-grans causes et consideracions qui à ce nous ont meu et meuvent, avons, de nostre certaine science, propre mouvement, grâce especial, pleine puissance et auctorité royal, donné, cédé, transporté et délaissé, et, par la teneur de ces présentes, donnons, cédons, transportons et délaissons, pour nous et noz successeurs Roys dc France, à icelluy nostre cousin Anthoine, bastard de Bourgoigne, pour lui et ses hoirs masles et femelles, nez et à naistre, descendans de lui en loyal mariage, fors et réservé Phelippe de Bourgoigne (b), seigneur de Bcnnest, filz de nostredict cousin , que ne voulons ne n’entendons en aucune maniéré succéder à icelluy nostre cousin, en tant que touche cestuy nostre présent don et octroy, mais d’icelluy, pour certaines grans causes et consideracions qui à ce nous ont meu et meuvent, l’avons privé et débouté, privons et déboutons, noz conté, villes, chasteaulx, places, chastellenics, prevostez, terres et seigneuries de Grant-Pré, Saincte-Menehoult, Vaissy, Passeavant, Chasteau-Thierry et Chastillon-sur-Marne, avecques toutes et chacunes leurs appartennances et dépendances quelzconques, ainsi qu’elles se comportent et extendent de toutes pars, tant en justice et juridiction Notes.

(a) Spoliation, extorsion, pillage.

Louis XI, et l’on se servoit de ce moyen pour

exciter Philippe à livrer la place. Philippe ne

crut pas que la tendresse filiale pût eile-mtnie

le dégager envers ceux qui lui avoient con¬

fié le commandement de Saint-Omer.

(b) Ce Philippe s’étoit distingué par son

courage en défendant, l’année d’auparavant,

1477, la ville de Saint-Omer contre le Roi.

Antoine son père étoit devenu prisonnier de