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DE LA TROISIÈME RACE. 44^

jon part et obéissance, seurement et saulvement de leurs personnes et de tous leurs biens, et y pourroient labourer , marchander et pourveoir à toutes leurs négociations, besognes et affaires, sans destourbier ne empeschement quelconques, et tout ainsy que en temps de paix. Et combien que nostre bonne ville de Tournay et bailliage de Tournesis, et tous les manans et habitans en iceulx, qui sont et de toulte ancienneté ont esté nos bons, vrais et loyaux subgects, feussent comprins csdites treves et deussent joyr de l’effect et teneur d’icelles sans quelconque difficulté, ce néammoins, de sitost que, sous la confiance de laditte treve, nous feumes partis des marches de Picardie et venus ès aultres parties de nostre royaulme, lesdits Duc et Duchesse d’Autriche ne ont voulu laisser joyr lesdits de Tournay et bailliage de Tournesis de laditte treve, mais, en icelle treve rompant et directement venant contre leur honneur, foy, serment et promesse, ont fait et par leur exprès commandement fait faire guerre ouverte à nosdittes bonne ville de Tournay et bailliage de Tournesis et à nos subgects, manans et habitans en iceulx, en boutant feux, prenant personnes, tuant et meurtrissant inhumainement, chascun jour, nosdicts subgects, et tous exploits de hostilité et de guerre, avec très-enormes cruaultcs et dommaiges irréparables ; ont lesdits d’Autriche, contre la teneur de laditte treve, deffèndu et fait deffendre que lesdits de Tournay ne feussent soufferts frequenter ne marchander ès pays à eulx obeissans , ont detenu et occuppé et fait détenir et occuper les biens, terres, revenues, rentes heritables et viagères que lesdits de Tournay et bailliage de Tournesis y avoient et ont, sans en vouloir faire restitution ainsy que les lettres de ladite treve le portent ; ct qui plus est, jaçoit ce que lesdits de Tournay, soubs confiance de laditte treve, eussent acheté des bleds et aultres vivres pour mener en nostredite ville ainsi que justement faire le pouvoient, ce néammoins, lesdits Duc et Duchesse d’Autriche ont fait prendre lesdits vivres, supposé qu’ils eussent été achetés ès pays de notre obéissance et non de la leur, et ont, par leurs lettres et mandemens, expressément mandé que on ne laissast aller quelsconques vivres en nostredite ville de Tournay, à cause de quoy icelle nostre ville, qui est de toutes parts environnée des pays obeissans ausdits Duc et Duchesse d’Autriche, a été en telle constrainte qu’elle se deppopuloit chacun jour et venoit en extreme nécessité. Et combien que par les gens de nostre grand conseil et autres par nous envoyés audit pays de Picardie, aussy par aucuns conservateurs par nous commis au fait de laditte treve et par aultres nos officiers, lesdits d’Autriche, les gens de leur conseil, aucuns conservateurs par eulx commis à icelles treves et aultres leurs officiers, aient plusieurs fois par lettres et mandemens esté deuement requis de souffrir et laisser lesdits de Tournay joyr de l’effect de laditte treve, touteffois ils n’en ont rien voulu faire, mais en ont expressément esté refusans, parquoy lesdits de Tournay par ceste extreme nécessité et pour la salvacion de laditte ville en notre vraye et loyalle obéissance ont esté constrains de faire certain traitiéavec lesdits Duc et Duchesse d’Autriche, lequel, comme ils dient, ils n’eussent jamais fait si n’eust esté la force et constrainte dessusdites. Et, pour ce que ledit traitié a été fait sans nostre sçu et autorité, nos très-chiers et bien amez les prevost, jurez, eschevins, esgardeur, doyens et soubs-doyens des mestiers, bourgois, manans et habitans de nostredit te bonne ville de Tournay, doubtans avoir offensé envers nous, cotnbien qu’ils l’ayent fait par la constrainte dessusdite, gardant tousjours toutes choses envers nous la loyaulté, fidélité, obéissance et affection Louis XI,

aux Forge*

près Chinon ,

le 29 Janvier

1478.