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Louis XI,

à Selommes,

le 16 Août

1478.

4^6 Ordonnances des Rois de France

mais, nonobstant toutes les choses dessusdictes, ct sans considcracion de la nécessité où est à présent le peuple chrestian , nostredit Saint Pere s’est monstre et declairé partial en ceste matière contre ladite seigneurie et communité de Florence, et semblablement contre les Duc et seigneurie de Venise (a) , qui aussi sont nos amys confedercz et aliez , et n’a voulu nostredit Saint Pere avoir regard à ce que le Turq fait à présent continuelle guerre ès prochaines parties de Italye, et mesmement ès terres et seigneuries de Venise (b), parquoy l’on ne peut mieulx fortifier le Turq et les infidelles contre le peuple chrestian ne myeulx leur donner moyen d’avoir entrée et passaige cn Italye, que de courir sus et grever ceulx qui soustiennent la guerre contre le Turq, lesquelles choses sont si estranges à considerer, que toute l’Eglise universelle et tout Prince vertueux et catholique en doit avoir douleur et desplaisir. Et en oultre, avons esté advertiz que nostredit Saint Pere a dit que en ceste guerre contre les Florentins, Venissiens et autres de leur part, il emploira sa personne, biens et tout ce qu’il pourra finerfcj, qui est bien estrange chose que le trésor et la revenue de l’Eglise, qui sont les biens ordonnez pour le service de Dieu, defense delà foy catholique, et pour la sustentacion des poures^ùyl, se employé à telles guerres, et pour celles parciallitez^ contre le peuple chrestian, et pour soutenir telles consplracions de usurper sur les seigneuries de Italye, et telz meurtres et exécrables delitz. Semblablement est chose bien estrange, qu’on souffre les exaccions indeues qui se font en court de Romme, par bulles, expectatives (f) et autres moyens, et par les vacquans (g) qu’on lieve contre les saints canons et decretz de l’Eglise faiz et constituez par les saints Peres et contre la determinacion de l’Eglise universelle et des saints consilles, pour employer l’argent qu’on en tire à achapter contés et grans seigneuries pour les bailler à gens de petite condicion (h) et les eslever sans merites precedans et sans aide ne secours qu’ilz puissent donner à l’Eglise ne à la defense de la foy, esquclles exaccions ainsi faictes contre les saints canons et anciens decretz de l’Eglise, entre tous les Roys et royaumes de chrestianté, nous, nostredit royaume de France et pays du Daulphiné et généralement tous nos subgetz , avons merveilleusement grant interest (i) et dommaige pour la grant quantité d’argent qui, contre lesdits saints canons et decretz et contre les libertez de l’Eglise de France, se tire tant par lesdits vacquans qui se paient à grans et excessives tauxes, comme pour la despense qui se fait à obtenir lesdites bulles expectatives, qui maintenant sont si communes et se donnent en telle multiplication que parla grant quantité, ia diversité et le desordre d’icelles, la pluspart des bénéfices de nostre royaume sont cn procès, en la conduicte desquelz procès se despend et vuide merveilleusement grant quantité d’argent, Notes.

(a) Les Vénitiens et les Florentins s’é-

toient alliés depuis quelques années ; une alliance contraire existoit entre le Pape et le Roi de Naples.

(b) Les trois lignes qui précèdent ne sont pas dans Fontanon.

(c) Fournir en argent.

(d) Pauvres.

(e) Par cy alliées, dit Fontanon ; mais le mot vrai est celui que nous avons placé dans le texte.

(f) Voir, dans notre tome XV, les re¬

montrances du Parlement de Paris, pages ipj et suivantes.

(g) Les bénéfices vacans.

(h) Ceci fait allusion sans doute au comté que Sixte IV avoit acquis pour le donner a Jérôme Riario.

(i) Perte. II y a quelques exemples de

f emploi de ce mot dans ce sens. Voir le Supplément de du Cange, tome II,page d02.